DWZ catalogue 3 BD - Flipbook - Page 20
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née pluvieuse de novembre, n’est autre que celui
de la maison familiale, jouxtant directement la
voie ferrée visible au sommet du talus à gauche.
Jouant habilement des contrastes visuels observés depuis sa fenêtre, Camille Martin propose une
composition structurée et équilibrée, opposant
à la modernité de la révolution industrielle des
motifs plus champêtres. Les poteaux électriques
de la partie gauche, comme l’arrivée en trombe
de la locomotive, laissant jaillir d’épaisses fumées
blanches, trouve ainsi son antithèse dans la silhouette féminine empruntant le chemin central
de son lopin de terre, abritée sous son parapluie,
son panier sous le bras. Si l’artiste peint ce paysage à plusieurs reprises au cours de sa carrière3,
c’est qu’il relève d’un certain intimisme. En effet,
la grande serre visible dans la partie droite abrite
son atelier depuis plusieurs années (昀椀g. 1), au plus
près d’une végétation qui lui fournit sa première
source d’inspiration, comme le rapporte son
ami Victor Prouvé : « ce coin de paradis, où il a
puisé quantité de sujets, les grandes ombelles,
les pavots, les courges, les beaux chardons
lorrains. Son atelier, perdu dans tout cela, était
constamment en bousculade dans le remue
ménage [sic] des recherches journalières4 ».
Exposé en mai 1889 à Paris au Salon des Artistes
Français, en marge de l’Exposition universelle,
notre séduisant tableau suscite assez logiquement les éloges du Progrès de l’Est : « Il est, à côté
de M. Émile Friant, deux autres jeunes artistes,
originaires tous deux de Nancy et dont tous les
amateurs de notre ville prisent fort le talent
et suivent attentivement les progrès : ce sont
MM. Victor Prouvé et Camille Martin. […] De M.
Camille Martin, j’aime surtout ses environs de
Nancy – côté de Boudonville – par un temps de
pluie. Elle est d’un ton très 昀椀n et d’une bien jolie
exécution de détail, cette fort exacte image de
notre banlieue nancéienne5. »
L’artiste reprend l’exact même motif au printemps 1896 : Mon jardin, vue du chemin de fer, 1896,
huile sur toile (73 x 92 cm), Collection Rémi et Maxime Sorriano.
3
Prouvé, V., Lettre publiée dans La Lorraine Artiste, n° 42, 16 octobre 1898, p. 342-343. 5 J. I.,
« La Lorraine au Salon, Le Progrès de l’Est, 7 mai 1889, p. 2.
4
5
J. I., « La Lorraine au Salon, Le Progrès de l’Est, 7 mai 1889, p. 2.
Fig. 1 :
L’atelier de Camille Martin, 1887,
procédé d’impression photomécanique,
Nancy, musée Lorrain, inv. 2006.0.5508.