DWZ catalogue 3 BD - Flipbook - Page 24
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Edmond de Grimberghe
(Köniz, 1865 – Paris, 1920)
N
é en 1865 à Köniz, en Suisse, au sein
d ’ u n e famille aristocratique belge,
Edmond Jules Adélaïde Helman, comte de
Grimberghe, effectue sa formation à l’École
des Beaux-Arts de Paris auprès de Gustave
Boulanger et Jules Lefebvre. S’il s’établit
durablement dans la capitale, d’abord rue
Chaptal, dans le IXème arrondissement, avant
de déménager boulevard Haussmann, il fait
ses débuts au Salon de Bruxelles en 1887.
A la suite d’un important voyage d’étude en
Égypte, il rapporte de nombreux croquis et peintures imprégnés d’un exotisme sobre, se démarquant de l’orientalisme plus conventionnel de
l’époque. C’est ainsi qu’il expose en 1890 une vue
de l’oasis du Fayoum lors de sa première participation au Salon des Artistes Français (cat. n°
1111). Peintre mondain, Edmond de Grimberghe
se montre également 昀椀n escrimeur, membre du
Contre-de-quarte, et anime dans son atelier des
soirées artistiques et littéraires fréquentées par
son ami le prince Ali-Fazil d’Égypte ainsi que le
Tout-Paris aristocratique. Toujours féru d’expédition, il s’envole en 1895 à 4200 mètres d’altitude à
bord du ballon de l’aéronaute Henri Lachambre
reliant Paris à Rozoy-sur-Serre a昀椀n de peindre
plusieurs paysages célestes. En 1900, il se joint
à une expédition en Abyssinie menée par son
condisciple Aimé Morot. Exposant régulièrement
au Salon des œuvres raf昀椀nées et élégantes rencontrant un certain succès, il est fait chevalier de
la Légion d’honneur en 1906.
L
’huile sur toile que nous présentons s’inscrit dans la veine intimiste propre aux peintures les plus abouties d’Edmond de Grimberghe.
Ce dernier saisit ici la silhouette d’une jeune
femme debout, au pro昀椀l soigné sous une épaisse
chevelure brune, dans l’atmosphère tamisée
d’une petite chambre baignée de lumière par les
premiers rayons du soleil. Campé juste devant
les rideaux rouges entrouverts de sa fenêtre,
les mains derrière le dos, le modèle semble se
laisser aller à la rêverie ou à la méditation en
contemplant l’extérieur, alors que derrière elle,
le lit défait suppose la 昀椀n de la nuit. A travers une
mise en scène sobre et réaliste, un traitement
minutieux du clair-obscur suggérant la leçon
des maîtres hollandais et 昀氀amands, Grimberghe
capte l’instant suspendu, en conférant à sa composition une certaine introspection muette teintée de symbolisme. Dans un jeu de contraste, la
chemise blanche vient capter la lumière alors que
la jupe noire absorbe l’ombre. À l’arrière-plan, le
vert profond du mur accueille un tableau obscur
ainsi qu’une statuette religieuse, probablement
une Vierge à l’Enfant, posée sur une console. A
ses pieds s’étendent les draps blancs du lit vide,
avec ses plis savamment travaillés et son coussin
enfoncé. Par ces subtils détails, l’artiste semble
insuf昀氀er une tension spirituelle latente, tiraillée
entre sensualité retenue, solitude et recueillement. Il compose ainsi une scène méditative où
l’espace intime devient le théâtre d’un drame
invisible et silencieux, et où la 昀椀gure devient
l’incarnation d’un état d’âme, à la croisée de la
solitude, de l’attente et du désir.