DWZ catalogue 3 BD - Flipbook - Page 44
14.
Firmin Maglin
(Paris, 1867 – Auxy, 1946)
«
J’avoue que ces œuvres délicates, d’une
exécution minutieuse et serrée, d’une absolue distinction de coloris, qui conservaient dans
la sincérité de leur facture comme une poésie de
quiétude rustique, me surprirent dans ce milieu
plutôt hurleur et extravagant »1. En novembre
1899, dans son compte-rendu de l’exposition du
Salon des Cent, où Firmin Maglin présente une
soixantaine de toiles, Octave Uzanne ne manque
pas de décrire la surprise qui fut la sienne lorsqu’il 昀椀t pour la première fois la découverte des
paysages de l’artiste, quelques années plus tôt, à
l’occasion du Salon des Indépendants. L’homme
de lettres perçoit le symbolisme singulier que
contiennent ces vues pures, apaisées, traitées
de manière synthétique et privilégiant l’intimité
du motif rural, à l’image des trois tableaux que
nous présentons ici.
F
ils d’un peintre sur porcelaine établi à Paris,
Firmin Maglin s’initie d’abord au dessin
dans deux écoles communales de la capitale,
Germain-Pilon et Bernard-Palissy, avant d’entrer dans les ateliers de Ferdinand Humbert et
Henri Gervex. En 1890, il fait ses débuts au Salon
des Artistes Français, où il expose régulièrement jusqu’en 1909. En parallèle, il présente ses
tableaux dans des cercles plus avant-gardistes,
en participant sans discontinuer au Salon des
Indépendants entre 1894 et 1914, ainsi qu’au Salon
d’Automne en 1903 et 1904. C’est en 1894 qu’il
se fait véritablement remarquer par la critique
en envoyant une série de paysages aux trois
expositions des Peintres Impressionnistes et
Symbolistes, alors successivement organisées
en mars, juillet et novembre au sein de la galerie
Le Barc de Boutteville. Dès l’année suivante,
il prend part au Salon des Cent imaginé par
Léon Deschamps, tout juste lancé dans le hall
de la revue La Plume. En 1902, Maglin quitte
la capitale pour s’établir dans le Loiret, entre
Montgeron et Chantecoq, un cadre champêtre
qui par la suite n’a de cesse de nourrir le sujet
de ses toiles. Cette mise à l’écart volontaire des
agitations de la capitale ne l’empêche pas de
昀椀gurer dans les principales expositions, à Paris
comme à Londres, où certains de ses paysages
et portraits sont accrochés sur les cimaises de
la Doré Gallery en novembre 1908. C’est dans ce
contexte de renommée internationale que trois
de ses vues poétiques intègrent en 1904 la collection de Sergueï Chtouchkine2, un témoignage
supplémentaire de sa reconnaissance au sein des
milieux d’avant-garde.
«
A La Plume, Firmin Maglin nous offre ses
Triptyques des saisons ; triptyques aux
volets subtilement décorés, encadrant de 昀椀ns
paysages, blonds, mauves, verts tendres et
cendrés où sourit, rêve, soupire tour à tour une
âme charmante »3. Peinte en 1898, à l’orée de
sa maturité artistique, notre première toile de
… /…
1
Uzanne, O., « Un peintre de quiétudes rustiques – M. Firmin Maglin », La Plume, novembre 1899, p. 720.
Daté de 1894, l’un ces trois paysages est actuellement conservé au musée d’Odessa, les deux autres,
datés de 1898 et 1899, sont dans les collections du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (inv. 6558 et 7715).
2
3
R., « Chronique – Les petites expositions du mois », L’Art Décoratif, juin 1901, p. 129.