DWZ catalogue 3 BD - Flipbook - Page 66
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Marcus Behmer
(Weimar, 1879 – Berlin, 1958)
é à Weimar, Marcus Behmer grandit à
Berlin, où sa famille avait emménagé
peu après sa naissance. Après une solide formation auprès de son père le peintre d’histoire
Hermann Behmer, il débute en 1899 comme
illustrateur pour la presse berlinoise par l’intermédiaire de l’écrivain et journaliste Otto Julius
Bierbaum. Installé à Munich à partir de 1900,
il devient peu à peu l’illustrateur privilégié de
l’hebdomadaire satirique Simplicissimus, tout
en réalisant parallèlement des modèles d’objets usuels pour les Vereinigte Werkstätten für
Kunst und Handwerk (Ateliers réunis pour l’art
et l’artisanat), véritables laboratoires d’avantgarde fondés deux ans plus tôt, et à l’origine du
renouvellement du design germanique. Ses travaux sont remarqués et l’une de ses créations, un
seau à champagne édité par les célèbres ateliers
munichois, 昀椀gure en 1900 à la huitième exposition
de la Sécession Viennoise, aux côtés des œuvres
de Josef Hoffmann (Salle VII, N° 458).
N
arcus Behmer a très tôt entretenu des
relations étroites avec les artistes de la
Sécession, et le dessin que nous présentons ici
en constitue le puissant témoignage graphique.
Il s’agit d’un rare projet d’af昀椀che, sans doute réalisé par l’artiste au début de l’année 1902 pour la
treizième exposition de la Sécession Viennoise,
M
manifestation au sein de laquelle il présente un
important ensemble de dessins (Salle IV, N° 77, 85
et 90). Aucune archive ne nous permet d’af昀椀rmer
aujourd’hui que ce projet fut effectivement présenté au comité d’organisation de l’exposition,
mais son refus n’aurait en soi rien d’étonnant
dans la mesure ou la manifestation privilégiait
légitimement les artistes autrichiens, et ce fut
d’ailleurs Koloman Moser qui fut choisi. S’il n’a à
notre connaissance jamais été édité, ce projet 昀椀xé
par Behmer ne démérite pas, tant son graphisme
paraît moderne et par certains égards précurseur.
Dans une composition très géométrisée, trois
pro昀椀ls stylisés sont marqués au fusain au dessus
de l’intitulé de l’exposition, retranscrit dans une
typographie organique et 昀氀uide qui n’est pas sans
évoquer directement celle tout juste inventée par
Otto Eckmann. Le jaune vif du support laissé en
réserve à certains endroits fournit la lumière
dans un jeu de clairs-obscurs très contrastés
avec le noir du fusain, accentuant l’aspect anguleux et synthétisé des visages. Les trois 昀椀gures
représentées restent mystérieuses : alors qu’une
femme au centre fait valoir ses seins nus dans un
sourire narquois, deux faciès plus inquiétants (et
masculins semble-t-il) occupent la partie droite.
Peut-être faut-il y voir la vision pleine d’ironie et
d’autodérision de deux artistes associés à leur
muse. La présence de cierges et d’étoiles dans la
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