DWZ catalogue 3 BD - Flipbook - Page 76
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Cecil de Blaquière Howard, dit Cecil Howard
(Clifton, Canada, 1888 - New York, 1956)
N
é à Clifton, au Canada, Cecil Howard
grandit à Buffalo, à l’ouest de l’État de
New York. Il n’a que dix-sept ans lorsqu’il quitte
les États-Unis pour s’installer à Paris, où il s’inscrit à l’Académie Julian, souhaitant s’adonner à
la sculpture. Immédiatement conquis par la vie
artistique qu’il rencontre à Montparnasse, il y
passera la moitié de sa vie. Exposant au Salon des
Artistes Français dès 1906, il privilégie par la suite
le Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts
ainsi que le plus libéral Salon d’Automne. Devenu
rapidement sociétaire de ces deux institutions,
il y présente notamment des sculptures animalières réalisées au zoo d’Anvers en compagnie
de son ami Rembrandt Bugatti au cours de l’année 1909. En 1913, Howard participe à l’Armory
Show de New York, Chicago et Boston. Pour cet
évènement majeur qui marque l’arrivée de l’Art
moderne aux États-Unis, il expose un nu féminin
debout ayant pour modèle Lucy Krohg. Après
avoir expérimenté la sculpture peinte, notamment dans le domaine du portrait, Cecil Howard
investit le champ du cubisme en intégrant à ses
sculptures polychromes très joyeuses le mouvement des danseurs de tango qu’il pratique
régulièrement au Bal Bullier. Ces œuvres très
personnelles, dont il ne reste aujourd’hui que cinq
exemplaires répertoriés, font de Cecil Howard
un des pionniers de la sculpture cubiste, et le
situent au premier plan du modernisme de cette
période. S’inscrivant également dans la vogue
des arts premiers africains, Howard fait sensation à New York en 1916 avec sa belle Nubienne à
l’amphore 昀氀uide et stylisée. S’il prolonge cette
veine esthétique dans l’entre-deux-guerres, en
particulier pour répondre aux commandes de
lord Howard de Walden, le sculpteur multiplie
ensuite les œuvres inspirées par sa passion du
sport, ne cessant de représenter des corps en
mouvement et d’animer son art d’une irrépressible énergie vitale.
N
otre élégant projet d’éventail sur papier
se rattache à la production graphique
d’Arts décoratifs de Cecil Howard, plus méconnue
mais tout aussi avant-gardiste que sa sculpture.
Dans le cadrage resserré et contraint propre à
l’accessoire par excellence des mondaines de la
Belle Époque, l’artiste concentre avec virtuosité
l’esprit grisant du Paris nocturne des années
1900, à travers une scène dense et pleine de
vie aux couleurs fauves et bigarrées, hommage
jubilatoire à l’âge d’or du Moulin Rouge. Sous
la lumière éclatante des éclairages électriques,
un couple est attablé au premier plan. Drapée
dans une robe vert paon constellée de re昀氀ets,
dans une posture de séduction légère et d’élégance canaille évoquant les prostituées de Van
Dongen, la femme fardée se penche vers l’homme
en smoking, tenant coupe et cigare. Non sans
humour, le point central de l’éventail est occupé
par le seau glacé à champagne, élément iconique