DWZ catalogue 3 BD - Flipbook - Page 90
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Heinrich Lefler
(Vienne, 1863 – 1919)
ils du peintre et décorateur viennois
Franz Le昀氀er, Heinrich Le昀氀er effectue sa
première formation auprès de son père avant d’intégrer dès 1880 l’atelier de Christian Griepenkerl
à l’Académie des Beaux-arts de Vienne, puis, en
1884, l’Académie des Beaux-Arts de Munich, où
il suit les enseignements de Nikolaus Gysis et
Wilhelm von Diez. Revenu à Vienne, Le昀氀er rejoint
en 1891 la Künstlerhaus, Société des artistes
autrichiens et commence à travailler avec l’architecte, décorateur et illustrateur Joseph Urban.
Ce dernier devient son beau-frère en 1896 après
qu’il ait épousé sa sœur Mizzi. Ensemble, ils
réalisent de nombreuses illustrations de livres,
romans ou contes d’Andersen et de Grimm dont
certains sont aujourd’hui entrés dans la postérité.
Ils œuvrent également dans le domaine de l’architecture, des décors pour des opéras et des pièces
de théâtre et réalisent des af昀椀ches. En 1900, ils
sont au cœur de la fondation du Hagenbund,
association d’artistes d’avant-garde qui suit de
trois ans la formation de la Sécession viennoise.
Recruté en 1900 par Gustav Mahler comme
assistant d’Anton Brioschi au sein du Hotoper de
Vienne (l’actuel Wiener Staatsoper), il participe à
de nombreux décors de scène avant de succéder
à Brioschi en 1903. Il est dès lors en charge de la
décoration du Burgtheater, parallèlement à une
charge d’enseignement à l’Académie des BeauxArts de Vienne, poste qu’il occupe jusqu’en 1910.
En compagnie d’Urban, il collabore à la création
d’événements monumentaux, tels que le cortège
du Schiller-Fest de 1905 ou ceux du Jubilé impérial de 1908, dotés d’imposantes orchestrations
visuelles et décoratives.
F
êlant aquarelle et pastel sur papier, notre
petite feuille, offre le vibrant témoignage
des qualités d’illustrateur d’Henrich Le昀氀er, à travers un travail 昀椀n et minutieux dont la perfection
technique n’a rien à envier à la monumentalité
de ses grands décors. L’artiste nous fait pénétrer
l’atelier alchimique de Berthold Schwarz, célèbre
moine franciscain du XIVème siècle, légendaire
inventeur de la poudre noire. Dans cet antre
mystérieux et théâtral, chargé au premier plan
de grimoire, cornues et fourneaux, davantage
éclairé par la lueur surnaturelle du four que
par le demi-jour traversant les carreaux de la
fenêtre au fond, apparaît sur la partie gauche
la 昀椀gure de la Mort elle-même, dans une tension silencieuse. L’obscurité bleutée, presque
liquide, où se dresse cette silhouette spectrale
de squelette encapuchonné, faux à la main, vient
contraster avec le halo d’or incandescent projeté à droite par le brasier, inondant le visage
tourmenté du vieil homme. A l’aide d’un réseau
dense de hachures colorées principalement
bleues et orangées, Le昀氀er confère à sa matière
une vibration optique constante, témoignant
d’une parfaite assimilation des théories divisionnistes comme du raf昀椀nement graphique propre
à l’Art nouveau viennois. En jouant des oppositions chromatiques entre couleurs froides et
chaudes, l’artiste accentue le con昀氀it perceptible
entre la Mort et la connaissance, imprégnant
son œuvre d’un symbolisme qui s’inscrit dans la
grande tradition des allégories métaphysiques,
depuis les vanités 昀氀amandes et hollandaises
jusqu’au Faust de Goethe.
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