DWZ catalogue BD - Flipbook - Page 52
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D
evenu dépendant à l’absinthe, Verlaine
décrit très bien comment cette drogue
est parvenue, délicieusement, à l’emprisonner,
conférant ainsi à notre aquarelle une dimension
symbolique plus tragique.
E
n 昀椀gurant une allégorie de la vigne, notre
deuxième feuille fait référence à un autre
alcool apprécié par les artistes : le vin. Dans l’atmosphère rougeoyante d’un paysage au soleil
couchant, Graverol représente une bacchante
à la chair rose et nue, encadrée de longs plants
de vignes, coiffées de grappes. Pressant du raisin sur son sexe, elle laisse couler le long de ses
jambes un jus qui, hydratant le sol, semble se
transformer en d’étranges racines, non sans
évoquer l’Isis sculptée de Georges Lacombe,
parfaitement contemporaine.
P
résentant la même plastique soigneusement cloisonnée et synthétique, à l’image
des enluminures, la dernière de nos trois aquarelles rassemble quatre jeunes 昀椀lles en costumes
médiévaux dans un jardin idyllique garni de
昀氀eurs et de cyprès, ouvert sur un étang où glissent
tranquillement un couple de cygnes. Bien qu’absent de la Bible, ces oiseaux blancs sont largement valorisés par les cercles symbolistes pour
suggérer l’amour et la 昀椀délité, en puisant dans
les références mythologiques gréco-romaines
ou germano-scandinaves. D’oiseau simplement
noble, il devient pleinement royal, au point qu’à
l’aube des temps modernes, en Angleterre et
dans plusieurs pays d’Europe, il était interdit à
quiconque n’est pas de sang royal d’en posséder.
1
Schurr, Gérald, « Alexandre Graverol », in Les Petits Maîtres de la peinture (1820-1920),
valeur de demain, t. IV, Paris, 1988, p. 33.
2
« A Paul Verlaine », La Plume, 1er février 1896, n° 163, p. 84 et 125.
3
Schurr, Gérald, op. cit., p. 33.
4
Verlaine, Paul, La Bonne Chanson, Paris, Alphonse Lemerre, 1870.