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Edgard Maxence
(Nantes, 1871 – La Bernerie-en-Retz, 1954)
N
é à Nantes dans un milieu fortuné, rien ne
destine Edgard Maxence à embrasser la
vocation artistique. Pourtant, scolarité achevée,
il s’inscrit à l’école des Beaux-arts de la ville où il
étudie auprès d’Alexandre Chantron. En 1891, le
jeune artiste est reçu au concours de l’école des
Beaux-arts de Paris et intègre l’atelier du nantais
Jules-Elie Delaunay, où il fait la connaissance
de Georges Rouault. Lorsque Delaunay meurt
quelques mois plus tard, il est remplacé par
Gustave Moreau qui n’est pas sans exercer sur
Maxence une in昀氀uence décisive. Premier Logiste
en 1893 puis premier prix de 昀椀gure d’expression
en 1894, il abandonne la course au Prix de Rome
après son échec en 1895. Encouragé par son
maître, il expose à partir de 1894 au Salon des
artistes français. Outre l’art du portrait, pour
lequel il excelle, il s’adonne à la peinture d’histoire
en puisant au Symbolisme de Moreau, multipliant
à l’huile et au pastel des mises en scènes bibliques,
mythologiques ou tirées de légendes bretonnes
qui jouissent d’une bonne réception. Porté par
ses premiers succès, Maxence participe aux
trois derniers Salons de la Rose+Croix de 1895
à 1897, puis à l’Exposition Universelle de 1900,
où il obtient une médaille d’or. Fait chevalier de
la Légion d’honneur la même année, il est élevé
au grade d’of昀椀cier en 1927, après avoir été élu
à l’Institut en 1924.
s’inscrit traditionnellement dans la liturgie chrétienne pour sancti昀椀er, bénir et vénérer. A l’image
des œuvres de Fernand Khnopff, le peintre, profondément croyant, semble ici nous inviter à la
prière et à la méditation. Comme pour accentuer
cette atmosphère de mystère divin, il oppose aux
riches détails du premier plan les formes plus
dissoutes des vitraux bleus du fond, suggérant
un décor très à propos de cathédrale. A l’instar de
ses tableaux, Maxence diversi昀椀e ses techniques
graphiques en utilisant des matières et supports
légers, et en employant une palette en demi-teinte
aussi riche et variée que ses mediums. Notre
feuille peut être précisément datée vers 1896 si
on la rapproche de la composition assez similaire
du Pro昀椀l au paon (昀椀g. 1), où l’on peut distinguer
le même modèle féminin aux traits singuliers et
nettement marqués. Cette même année, l’artiste
présente justement au Salon de la Rose+Croix
des Têtes de Saints (cat. n° 65). Magistralement
exécutée, associant son goût pour la Renaissance
italienne à des inspirations préraphaélites, notre
aquarelle silencieuse et empreinte d’une grande
religiosité appartient à la part symboliste la plus
singulière et, incontestablement, la plus séduisante d’Edgard Maxence.
M
êlant sur le papier l’aquarelle à la gouache,
notre feuille aux apparences d’enluminure médiévale illustre bien la parfaite maîtrise technique atteinte par le pinceau d’Edgard
Maxence. Dans un cadrage vertical de vitrail, l’artiste a 昀椀xé l’élégante silhouette en buste de pro昀椀l
d’une jeune 昀椀lle rousse à la chair nacrée, aux
yeux bleus écarquillés, auréolée d’argent. Cette
昀椀gure extasiée de sainte, dont le pro昀椀l archaïque
et encerclé semble directement emprunté aux
médailles d’Antonio Pisanello, est enveloppée
de subtiles volutes de fumée. Par le titre apposé
en calligraphie gothique sur l’entablement de la
partie inférieure, Maxence en précise la nature,
et identi昀椀e par là-même le sujet de son œuvre.
Symbolisant par ses émanations l’élévation de
l’âme, l’encens confère naturellement au sacré, et
Fig. 1 :
Edgard Maxence,
Pro昀椀l au paon, 1896,
pastel et gouache sur toile,
collection particulière.