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Victorien Fabien Vieillard,
DIT Fabien Launay
(Neuilly-sur-Seine, 1877 – Arcachon, 1904)
é Victorien Fabien Vieillard, Fabien
Launay signe ses tableaux et dessins du
nom de jeune 昀椀lle de sa mère, Rose Launay, par
opposition à son père Louis Vieillard, premier
clerc de notaire aux Batignolles, qu’il rejette
violemment dès lors qu’il embrasse sa carrière
artistique. Scolarisé à partir de 1888 au Lycée
Condorcet, il y rencontre le futur poète et critique
d’art hongrois Maurice Cremnitz ainsi que le futur
peintre et designer Francis Jourdain avec qui il se
lie d’amitié. Ensemble, les deux jeunes hommes
se destinent rapidement à la peinture et courent
les galeries parisiennes, notamment le Barc de
Boutteville, d’où émergent alors les nabis, et la
petite échoppe du père Tanguy, rue Clauzel, où ils
découvrent les œuvres de Vincent van Gogh. Âgé
de quinze ans, Launay fonde avec Louis Lormel
et Cremnitz une petite revue, L’Art littéraire, en
octobre 1892. En juin 1893, le jeune artiste y rédige
un compte-rendu du salon de la Rose-Croix, puis
en décembre un article sur Paul Gauguin. C’est à
cette époque, autour de ce petit travail d’édition,
qu’il réalise ses premières gravures sur bois
et fait la rencontre d’Alfred Jarry et Léon-Paul
Fargue. Après le lycée, Fabien Launay, comme
son ami Francis Jourdain, s’inscrit à l’Académie Humbert et Gervex, boulevard de Clichy, et
c’est dans ce quartier qu’il fait la connaissance
de Georges Bottini avec lequel il partage un
atelier, 19 rue des Moines. A partir de 1895, les
deux amis exposent régulièrement au Salon des
Indépendants. Ils rencontrent ensuite le poète
Saint-Georges de Bouhélier (dont Launay fait un
portrait pour le n° 439 des Hommes d’aujourd’hui,
en 1896), puis nouent une indéfectible amitié avec
l’écrivain et journaliste Gaston de Pawlowski. En
1900, ils se lient également avec Pierre Girieud et
une nouvelle bande d’artistes qui se réunissent au
N
café de la Place Blanche, parmi lesquels Jacques
Villon, Edmond Lempereur, Fernand Piet, les
écrivains Félicien Champsaur et Hugues Rebell.
Bien que Fabien Launay soit parvenu à exposer
un portrait au Salon de la Société Nationale des
Beaux-arts de 1899 (cat. n° 862), il est refusé en
1901 et milite dès lors en faveur de l’émergence
d’un nouveau Salon des refusés, plus libéral et
ouvert, sorte de pré昀椀guration du Salon d’automne. Cette même année 1901, il expose en juin
avec un collectif d’artistes regroupés au sein du
Collège d’esthétique moderne dans un atelier rue
de La Rochefoucauld, sous la houlette de SaintGeorges de Bouhélier. En août 1903, Gaston de
Pawlowski et Launay composent un album entier
pour L’Assiette au beurre démontant l’appareil de
la justice par des dessins d’assise accablants et
d’une grande puissance satirique. Le 6 décembre
1903, rongé par la tuberculose, Launay quitte
Paris pour intégrer le sanatorium de plein-air de
la ville d’hiver d’Arcachon, où il meurt le 27 février
1904, à l’âge de 26 ans. Après sa mort, Pawlowski
parvient à réunir six œuvres a昀椀n de lui rendre
un ultime hommage au Salon des Indépendants,
parmi lesquelles une nature morte (cat. n° 1381).
On retrouvera plus tard ses œuvres, elles
seront recherchées, non seulement pour
leur rareté mais aussi pour l’acuité de sa vision
un peu sombre au service d’un dessin incisif
1
». Ces quelques mots consignés par Pierre
Girieud peu après la disparition de Fabien Launay
viennent mettre en exergue notre grande nature
morte, récemment redécouverte. Signée et datée
de 1902, elle fait partie des rares toiles, aux côtés
du Tournesol aujourd’hui conservé au musée
national d’art moderne (昀椀g. 1), appartenant à l’ultime corpus d’œuvres de l’artiste, qui avait à la 昀椀n
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